Tuesday 27 March 2012

The Emperor's new clothes - part 1


There will be a parade. For World Youth Day, International Women’s Day, and any other occasion, there is always a parade; in which children or women will march smartly singing songs of praise for the President and the sous-prefet. For the students who learn the songs in French, most don’t understand what they are saying, but they shout out the names of authorities with enthusiasm. It reminds me of Papa singing songs at church on Christmas Eve, mumbling his way through the parts that he doesn’t know then singing loudly and with gusto when it comes to the part that he does know. It doesn’t matter that the school system is dysfunctional; that most kids can go through three or four years of school and never learn to spell their own names let alone speak any French. It doesn’t matter that only the women’s groups who can afford to pay the fee get to march in the parade and that when the parade is done the women will cook a feast and the men will eat first. The important thing is to maintain appearances; the image of a benevolent and caring government, of an efficient and strong education system, of a society that respects women...


Students marching in the parade for International Youth Day, Feb. 11.

L’important ce sont les apparences. Le sous-prefet et les autres autorités vont lancer de l’argent sur les élèves et les femmes qui présentent des danses et des chansons lors des festivités; Un geste grandiose de générosité et bénévolence qui cache un système corrompu et dysfonctionnel. Les gens vont crier et applaudir à chaque billet lancé en l’air et les enfants vont chanter des louanges au Président et au sous-prefet sans comprendre les paroles puisque très peu d’entre eux comprennent le français. Par contre, il faut reconnaître que les autorités de Bogo sont en effet très généreux, ouvert d’esprit et sympathiques en comparaison à d’autres arrondissements. Depuis mon arrivée, j’ai rencontré beaucoup de gens sympathiques remplis de bonne volonté qui parlent avec conviction de l’importance de l’éducation et du développement de la femme et des enfants. Et je les crois. D’ailleurs, eux-mêmes ils croient à ce qu’ils disent. Ce ne sont pas des mensonges, mais ça ne le empêchent pas de détourner de l’argent à l’intention des écoles et des projets communautaire pour le mettre dans leur poches. La corruption est tellement rentrée en profondeur dans le système qu’on n’y pense même pas deux fois. Même si l’on entend parfois des grondements de mécontentements dans les coins, la plupart des gens l’accepte comme la norme et s’y attende.
Corruption here is deeply ingrained and systemic. So on the one hand, it isn’t unusual to see officials hand out money at festivities in a grand act of generosity or occasionally come through on a promise for which they will receive a lot of recognition, while on the other hand they continue to pocket money intended for schools and community projects. However, I’ve come to the realisation that it doesn’t make you a bad person to take a cut, people are just functioning within the system that they know and have always lived with. People don’t really question practices of corruption because they have always lived with them, therefore it is considered normal and to a certain extent everyone participates in it. I guess you could say that everyone is just trying to get their piece of the pie and some people get bigger pieces than others. However, I still have a bit of a hard time wrapping my head around what appears, from my western perspective, to be a kind of duplicity. All the officials and chiefs I have met have been very open and encouraging when it comes to issues of education and women’s development. I haven’t encountered any resistance or opposition to the work I am doing, and have been surprised at how receptive many leaders have been particularly regarding educating women. So at least I don’t have to deal with any narrow-minded chiefs who think women should be kept indoors and I can count on them to raise awareness and encourage participation in their respective villages. Although a lot of leaders show good will, very few have done anything concrete to translate their good intentions into practice.
Encore une fois, il faut prendre ces changements avec un grain de sel. Par exemple, on pourrait dire que c’est une grande avance qu’on célèbre la journée internationale de la femme ici, mais lors d’une rencontre de planification pour l’événement, les femmes étaient assises à l’arrière avec les hommes devant et se sont surtout les hommes qui ont parlés.  Lors de la rencontre, un chef c’est levé pour donner un discours passionné sur l’émancipation de la femme qui se résume plus ou moins par : on devrait laisser les femmes aller chercher le bois parce que comme ça les hommes auront plus de temps pour travailler et faire de l’argent pour la famille.  Il a peut-être dit autre chose que j’ai manqué, mais la morale reste que si on veut parler des droits et libertés de la femme il faut toujours présenter en quoi ça peut bénéficier les hommes. Au fond, l’objectif de l’éducation et le développement de la femme n’est pas le bien-être et l’épanouissement de la femme en tant que telle, mais plutôt en quoi ça peut avantager les hommes. En effet, le développement de la femme peut contribuer à assurer que les enfants reçoivent une éducation, à améliorer la santé de la famille et à créer un revenu supplémentaire pour soutenir le foyer. Par contre, si nous voulons éventuellement avoir un changement réel au niveau du statut de la femme, il faut amener les hommes à voir la valeur intrinsèque du développement de la femme, c’est-à-dire pour son propre bien-être.  Peu importe quel argument qu’on utilise, et peu importe pour qui ont le fait, l’important c’est d’atteindre les résultats : des femmes confiantes, autonomes, engagées et avec une voix au sein de la communauté. Mais nous sommes encore bien loin de cela.

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